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Matisse le fauve : 1904-1907
"Je ne vis que pour la lumière!" s'exaltait l'enfant de Cateau-Cambrésis , dans le Nord , quand il eut découvert les ensoleillements méditerranées .
En écho , Picasso envoya " Matisse ? il a un soleil dans le ventre !"
Tout est dit de cet homme , à la modernité éclatante, qui n'aura de cesse , tout au long d'une vie artistique fructueuse d'explorer de nombreux processus de création, mais toujours avec ce besoin viscéral de capter les luminosités les plus vibrantes .
Henri Matisse (1869-1954) fut tout au long de sa carrière un authentique perfectionniste .
Chez lui peindre tournait à l'obsession au point de déchirer une toile jugée non conforme à son attente .
"Quand je suis au travail , assurait l'artiste , je n'essaie pas de penser , seulement de sentir" .
Le réaliste Courbet avait lâché "un chef d'oeuvre n'est jamais le fruit du hasard" .
Alors l'oeuvre de Matisse est dans cette ligne de la pensée de son ainé . Elle est, assurément ,une contribution majeure à la création de l' Art moderne du 20ème siècle .
Commencée avec le lancement du fauvisme .
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Par gil22 le 6 Décembre 2019 à 05:34
A Collioure , ce fut l'arrivée de Derain , dans le courant de l'été 1905 qui allait "chambouler" les réflexions de Matisse.
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Derain maîtrisait parfaitement les règles d'un jeu nouveau , où les couleurs vives , éclatantes, prédominaient mais avec une nouvelle conception de la lumière, les ombres étant très claires ,voire inexistantes!
1905-Henri Matisse vu par André Derain
1905 - Matisse peint Derain
Le soleil irradie le portrait à l'énergie folle .
1905- Matisse (par Derain)
1905- la femme au chapeau
C'est Amélie Parayre , l' épouse qui pose .
Exposé au Salon d'automne ,le tableau fut descendu en flammes par la critique !
'C'est le désordre incarné" "la rupture avec la tradition".
Plus culotté , Léo Stein qui en avait dit le plus grand mal " le plus vilain barbouillage que j'aie jamais vu de ma vie" , voulut l'acheter , avant la fermeture du salon , pour 300 francs
( il dut s'exécuter pour 500 , le prix demandé ) .
De nos jours , la vision du tableau a changé . On loue cet arc en ciel harmonieux , ce bouquet champêtre séduisant !
Selon les époques , versatilité des jugements...
1905-la japonaise au bord de l'eau
Manifestement , y'a du Signac dans ce tableau où la japonaise est à peine discernable sur son rocher ...
Signac disait " aucun point n'est plus important qu'un autre "
Matisse pourrait compléter " ni aucun coup de pinceau !"
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Par gil22 le 5 Décembre 2019 à 05:29
Fin 1904, une exposition de Signac , à Paris , avait emballé Matisse .
Mais des conseillers avertis , comme Louis Vauxcelles et Maurice Denis le tempérait:
"Ne peins pas , Henri ,contre ta vraie nature , évite les recherches hostiles..."
Alors Matisse , ébranlé, décide de s'éloigner de Signac et choisit de s'installer dans un sud encore plus sauvage que St Tropez .
Ce sera Collioure où il s'installe dans une pension bon marché avec son épouse et deux de ses enfants.
"Collioure ? ce sont des femmes , les bateaux , la mer , la montagne " écrit Derain à Vlaminck , en juillet 1905...
"Mais surtout , c'est la lumière , une lumière dorée qui supprime les ombres" poursuit il .
Matisse est séduit .
Vue de ma fenêtre à Collioure ( ci-dessous) sera comme un manifeste ...
1905--Collioure , vue de ma fenêtre ( ou la sieste)
Curieusement , l'espace intérieur occupe les 3/4 du tableau !
Car l'extérieur se résume à quelques notes schématiques .
Nouvelle façon de peindre : ce sont les couleurs qui servent à dessiner : regarde les chaises ou les montants de la fenêtre ,la balustrade , le lit .
1905-la jetée
Ici encore par de dessin , mais de grands coups de pinceaux qui évoquent l'un des orages fréquents sur la région.
1905-Collioure
Des verts acides , des roses aigres : c'est lune nouvelle évocation d'un jour de tempête.
1905-arbres à Collioure
Lyrique , Matisse commente :" la couleur contribue à exprimer la lumière , non pas le phénomène physique , mais la seule qui existe :celle du cerveau de l'artiste"
1905-les toits de Collioure
C'est très lumineux ,maîtrisé , en particulier au niveau du dessin qui assure une composition soignée .
1905-port d'Avall
Cette toile est une étape dans la réflexion de Matisse .
Tout au long de cet été 1905 , Henri s'interroge , doute ....
Il hésite entre réalisme pointilliste et fauvisme.
"Comme je fais des petits points , c'est assez long , surtout qu'ils ne sont pas toujours réussis du premier coup".
Pour le peintre , c'est l'épreuve du feu d'où le fauve sortira vainqueur !
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Par gil22 le 4 Décembre 2019 à 05:57
12 juillet 1904 : "je pars demain pour St Tropez,je crois que j'y travaillerai 2 fois plus que dans le nord où l'hiver est si mauvais pour la lumière".
Pour Matisse , le sud apparaît comme une terre d'accueil qui le libérera du désenchantement des années 1899-1903.
1905-la fenêtre ouverte à Collioure
C'est comme si Matisse accédait à un autre monde..
Celui de la couleur , de la lumière...
Les critiques considèrent que ce tableau est un des principaux chefs-d'oeuvre du mouvement fauve chez l'artiste.
Car il commence à se libérer des contraintes néo-impressionnistes.
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En ce début des années 1900 ,Matisse fréquentait Signac qui aurait voulu l'amener au pointillisme , mais le premier ne l'entendait pas ainsi , même s'il fit quelques concessions au second.
Mais pas dans ce tableau car la diversité expressive de la touche est à l'opposée des souhaits aux coups de pinceaux en pointe prônés par Signac.
1904- Notre Dame de Paris
Pas de dessin , des formes suggérées par une profusion de teintes à grandes touches .
Cet été 1904, Matisse le passe à St Tropez , chez Signac et les discussions artistiques entre les deux artistes ne manquent pas ...
1904-vue de St Tropez
Le dessin est secondaire. Matisse cherche seulement à traduire ses émotions . Par la couleur.
1904 volupté
le tableau préfigure la suite "luxe , calme et volupté" de 1905 qui sera un tournant dans l'oeuvre de Matisse.
1904-place des lices à St Tropez
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Par gil22 le 3 Décembre 2019 à 06:09
1899 à 1903 , reste une période délicate pour Henri Matisse.
Certes il expose : Salon des Indépendants (1901) Salon d'automne (1903),mais la situation le préoccupe.
"la route de l' Art , écrira t il, paraît tout à fait barrée aux nouvelles générations"
C'est le temps des vaches maigres .
"Si j'en avais l'occasion , écrit-il encore ,le 10 août 1903,je crois que je lâcherais la peinture !"
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A Paris , Matisse vit chichement avec sa femme et son fils...
Il a fait même, sans succès, une demande pour emploi de "contrôleur des pauvres"
1903- l'atelier sous les toits de Paris
1902 - clin d'oeil à Notre Dame de Paris et les chrysanthèmes
1903-le jardin du Luxembourg ( à gauche) et paysage foisonnant
1903- à la manière de Signac !
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Par gil22 le 2 Décembre 2019 à 09:01
1900.. Matisse avait alors 31 ans . Mais ses incertitudes ,toujours le taraudaient....
Certes , il avait déjà beaucoup voyagé ,rencontré de nombreux artistes , découvert des peintures ( celles de Turner , à Londres par exemple),mais il continuait toujours à s'interroger sur les manières d'exprimer ses profonds ressentis.
A partir de 1900 , il devait encore fréquenter divers ateliers et surtout faire la connaissance d'André Derain lequel lui présenta Maurice de Vlaminck.
Il fut tout de suite séduit par leur approche de la couleur , cette couleur qu'il trouvait dans les terres du sud de la France .
1900-autoportrait en chemise
1901-la dame japonaise
1901-paysage de montagne
ouais ... bon ...pas très abouti n'est ce pas ? peut-être un travail préparatoire ?
1901- En Savoie
Un tableau encore en forme d'exercice
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Par gil22 le 23 Septembre 2019 à 14:11
"Je me suis cherché partout" dira Matisse en évoquant ses années de formation.
Ne fut -il pas à l'école de Bouguereau , de Moreau ( voir ,sur ce blog ,le dossier sur les classiques du 19ème ) qui prônaient une peinture , raillée d'ailleurs par les impressionnistes ?
Alors le gars de Cateau-Cambrésis allait d'expérience en expérience .
Ce furent de timides essais sur les traces de Monet , de Pissaro , de Van Gogh dont il louait les "incendies", jusqu'aux leçons de Cézanne ou les conseils de Signac !
C'est en Bretagne ( eh oui , il n'y pleut pas tous les jours !!!) qu'Henri Matisse eut" la révélation de la lumière dans la nature" , l'effervescence colorée de la Corse le pressant encore plus de restituer dans ses tableaux la magie de la couleur .
Cette couleur , il allait aussi la mettre au service de ses natures mortes .
1900 nature morte : écuelles et fruits sur tapis rouge
1900-sur la table
1900 -sur les rives de la Garonne et nu masculin
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Par gil22 le 12 Juin 2019 à 05:38
1898 / nature morte aux oranges.
1898 . la porte du vieux moulin
1899 / nature morte , la table.
1899 .
A gauche , nu dans une chambre
à droite , paysage toulousain .
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